Cette nuit, nous avons reculé d’une heure.

Pour celles et ceux qui veulent comprendre l’origine de cette tradition étrange, j’en ai parlé dans un article précédent qui raconte l’histoire du changement d’heure (lien : https://www.troubles-alimentaires.fr/blog/changement-d-heure-pendule-a-l-heure/).

Bonne nouvelle : on a dormi plus longtemps.

Mauvaise nouvelle : notre moral aussi a reculé.

eh oui le passage à l’heure d’hiver peut avoir des conséquences sur notre santé mentale.Bienvenue dans la saison froide, celle où la nuit tombe avant le dîner et où notre cerveau chuchote non-stop : raclette, canapé, chocolat chaud.

Spoiler : ce ne sont pas de simples caprices. Notre organisme réagit biologiquement au passage à l’heure d’hiver, et parfois un peu trop fort.

Voyons cela ensemble, tranquillement (on est en hiver, on ne brusque rien) car les conséquences de l’heure d’hiver sur la santé mentale sont bien réelles.

 

EN FAIT NOTRE CORPS VEUT HIBERNER

Notre horloge interne adore la stabilité. On lui réduit sa lumière, on lui change son repère horaire… et elle perd le nord.
J’ai déjà détaillé comment ce changement bouscule notre organisme, en particulier notre sommeil, dans un autre article plus médical (lien : https://www.troubles-alimentaires.fr/psychologie/le-changement-d-heure/).

Notre horloge interne adore la stabilité. On lui réduit sa lumière, on lui change son repère horaire… et elle perd le nord.

Moins de lumière, c’est :
• moins d’énergie
• plus de fatigue
• irritabilité
• concentration hasardeuse

Les scientifiques appellent cela une désynchronisation circadienne. Nous l’appelons couramment : pff j’suis claqué(e) ?

Le manque de lumière affecte directement la vigilance. On peut se tromper de mot de passe trois fois, oublier où on a mis son téléphone, voire son cerveau lui-même. Ce n’est pas toi qui dérailles, c’est ton système biologique qui tente de se recaler.

 

NOTRE APPETIT JOUE AUX MONTAGNES RUSSES

Moins de lumière signifie aussi moins de sérotonine. Pour compenser, le cerveau demande du gras et du sucre (recette express pour booster le bien-être). La leptine, l’hormone de satiété, baisse. La ghréline, l’hormone de la faim, augmente.

Résultat : un ticket gagnant pour les fringales et la quête du réconfort culinaire. Historiquement, c’était vital pour survivre à l’hiver. Aujourd’hui, avec le chauffage central, c’est surtout perturbant !

Pour les personnes souffrant de TCA, cette période représente un facteur de risque supplémentaire (pulsions alimentaires, restriction, compensation, culpabilité).

 

LE MORAL EN MODE ASCENSEUR EMOTIONNEL

L’heure d’hiver perturbe le moral et aussi  la régulation émotionnelle.

L’heure d’hiver s’accompagne de :
• baisse du moral
• irritabilité
• fatigue émotionnelle
• repli social : tu sais quand l’envie de sociabiliser devient proportionnelle au taux d’ensoleillement. Avec les jours qui raccourcissent, notre cercle social se résume parfois à notre plaid et nos pantoufles.
• désir en vacances prolongées

Dans certains cas, cela peut évoluer vers une dépression saisonnière reconnue et documentée. Ce n’est pas une fragilité personnelle. C’est une réaction neurobiologique au manque de lumière.

 

L’IMAGE CORPORELLE N’HIBERNE JAMAIS

 

On se montre moins. On se compare moins. Cela pourrait être apaisant. Pourtant, les pensées critiques, elles, restent bien éveillées.

Tu connais peut-être cette phrase intérieure : je vais (encore) grossir tout l’hiver

L’hiver renforce :
• l’isolement
• l’auto-surveillance
• l’inquiétude concernant le poids
• les comportements alimentaires problématiques

Ton corps cherche à te protéger (mais il ne choisit pas toujours les stratégies les plus pertinentes).

 

LE KIT DE SURVIE JUSQU’AU PRINTEMPS

 

Des conseils concrets, efficaces, validés scientifiquement :

  1. Lumière du jour dès le matin
    Sortir chaque jour, même 20 minutes (la luminothérapie peut être indiquée si le moral chute fortement).
  2. Activité physique régulière
    Objectifs réalistes : marcher 10 minutes, s’étirer, bouger pour se réchauffer. Chaque petit effort compte.
  3. Alimentation réconfortante mais structurée
    Un repas chaud qui mitonne légumes, plaisir et protéines. Oui à la raclette, mais pas en modèle alimentaire unique.
  4. Douceur émotionnelle
    Se reposer n’est pas échouer. On l’oublie trop souvent.
  5. Surveiller l’évolution du moral
    Si la tristesse persiste, parler à un professionnel est essentiel. Ne pas laisser l’hiver devenir un huis clos psychique.

 

L’heure d’hiver n’est pas qu’une histoire d’aiguilles. Notre organisme réagit au changement de lumière, tente de s’adapter, parfois maladroitement. Le soleil finira par revenir (il ne nous a pas abandonnés, il fait juste une longue pause café).

Si tu sens que ton rapport à la nourriture ou à ton corps devient difficile dans cette période, tu peux me contacter pour en parler. Tu n’es pas obligé(e) de traverser l’hiver en solitaire.

 

Ps : Le soleil reviendra. Il a simplement pris une petite pause saisonnière. Si tu as son numéro, rappelle-lui qu’il nous manque.

 

Sources

  • Inserm. Changement d’heure : quels effets sur la santé ? 2021
    • National Institute of Mental Health. Seasonal Affective Disorder. Mise à jour 2023
    • European Sleep Research Society. Circadian misalignment and health. 2022
    • Harvard Medical School. Sleep and metabolism: hormones involved. 2022
    • NHS UK. Seasonal depression and treatments. 2023