Obésité et culpabilité : un duo qui ne devrait pas exister, et pourtant!
Aujourd’hui, comme chaque année le 4 mars, c’est la Journée mondiale de l’obésité.
C’est l’occasion de rappeler que cette condition touche des millions de personnes. Pourtant, on entend toujours le même refrain : « Il suffit de manger moins et de bouger plus. »
Ah bon ? Donc, si je résume, une personne en surpoids aurait « juste » oublié d’avoir de la volonté, c’est ça ? Comme si elle s’était dit : « Tiens, aujourd’hui et pour des dizaines d’années, j’ai envie de compliquer mon quotidien et aussi de subir des remarques non sollicitées et désobligeantes sur mon corps !. » Brillante stratégie de vie !
Non mais, vraiment sérieux ? Désolée mais ça ne marche pas comme ça. L’obésité, c’est bien plus qu’une histoire de « motivation » ou de « self-control ». C’est un cocktail explosif entre génétique, environnement, hormones, santé mentale et bien d’autres facteurs. Alors, il est temps de tordre le cou aux idées reçues et d’arrêter de faire culpabiliser les premiers concernés.
- Obésité et culpabilité : pourquoi il faut déconstruire e mythe de la volonté : pourquoi « il suffit de manger moins et de bouger plus » est un mensonge
Si perdre du poids tenait uniquement à la volonté, tout le monde aurait des tablettes de chocolat en béton armé et la presse féminine arrêterait de nous sortir des régimes miracles tous les six mois. Je n’ai jamais rencontré de personnes plus volontaires et tenaces que les patients en surpoids et en obésité. Pourtant, bizarrement, l’obésité ne disparaît pas. On aurait raté quelque chose ??
Explications :
- Le corps est une machine (têtue voire très têtue) qui déteste le changement : Dès qu’on lui enlève trop de calories, il panique et ralentit son métabolisme. Son objectif ? Récupérer chaque gramme perdu, comme si c’était une question de survie (spoiler : pour lui, ça l’est : tu m’affames donc je stocke : logique !).
- Les hormones s’en mêlent : Moins on mange, plus on a faim (merci la ghréline !), et moins notre cerveau capte la satiété (adieu la leptine !). Résultat : on pense à la nourriture comme si on était en pleine période de rationnement. Contre-productif : je deviens obsédée par la nourriture ;
- Le stress et les émotions influencent l’alimentation : Non, ce n’est pas un manque de volonté si on finit par plonger tête la première dans un pot de glace après une journée pourrie. Le cortisol (hormone du stress) adore nous donner envie de manger des aliments réconfortants genre gras et/ou sucrés, valeurs sûres pour sécréter des endorphines (hormone du bien-être ! eh oui encore une hormone en jeu ! quand je vous dis que tout n’est pas qu’une question de volonté !)
Bref, si l’obésité relevait juste de la volonté, il suffirait de « vouloir être mince » pour l’être. Or, la réalité est tout autre.
- Les vrais facteurs de l’obésité : un problème multifactoriel
L’obésité ne se résume pas à « manger trop ». Sinon, comment expliquer que certaines personnes, comme Pierre tiens, qui mangent beaucoup et restent minces, alors que d’autres prennent du poids avec trois feuilles de salade et un yaourt 0 % ? (C’est une vraie question, Pierre, 1m80 pour 60 kg, merci de répondre on vous écoute !.)
Voici quelques vrais coupables :
- La génétique : Certains ont le jackpot niveau métabolisme, d’autres héritent d’un corps qui stocke tout « au cas où ». Les recherches en épigénétique vont être très éclairantes sur ce sujet dans les années à venir
- L’environnement : Quand les fast-foods sont moins chers qu’un panier de légumes bio, le choix est vite fait.
- Les hormones : Encore elles ! (On dirait qu’elles sont en roue libre.) Certaines pathologies, comme l’insulino-résistance, rendent la perte de poids bien plus complexe. (spoiler alerte : j’aurai l’occasion d’en reparler dans un prochain article)
- Les facteurs sociaux et économiques : Manger équilibré demande du temps, de l’argent et souvent un doctorat en nutrition pour déchiffrer les étiquettes.
- La santé mentale : L’anxiété, la dépression et les troubles alimentaires compliquent souvent la relation à la nourriture ; il est donc primordial de se faire aider afin de comprendre les liens que l’on a tissé entre l’alimentation et notre psychique
Bref, vous l’aurez compris avec cette liste (non exhaustive) que non, perdre du poids ce n’est pas juste une question de volonté. C’est un sacré puzzle.
- La grossophobie médicale et sociétale : un frein à la santé des personnes obèses
« Perdez déjà du poids et ça ira mieux. » Combien de personnes ont entendu cette phrase chez leur médecin… pour une grippe, un mal de dos ou un ongle incarné ? J’en témoigne moi-même : je ne compte plus les fois où je l’ai entendue cette phrase.
La grossophobie médicale, c’est ce biais qui fait que certains praticiens (beaucoup trop encore en 2025) voient d’abord un chiffre sur la balance avant de voir un être humain et en oublie qu’on ne fait pas « exprès d’être en surpoids » et que l’obésité est bien une maladie (reconnue par l’OMS par ailleurs)
- Le cercle vicieux : On culpabilise la personne sur son poids → elle évite d’aller chez le médecin → ses problèmes de santé empirent. Bravo, belle avancée !
- L’impact psychologique : Être jugé en permanence sur son corps, ça use. Et non, dire à quelqu’un qu’il doit « juste maigrir » n’a jamais résolu le problème (sinon, les forums de « conseils bienveillants » sur Internet auraient sauvé le monde depuis longtemps).
L’obésité est un problème de santé mondiale, mais la stigmatisation qui l’entoure en est un encore plus grand.
- Changer de discours : vers une approche bienveillante et efficace
Alors, que faire me direz-vous ?
✔ Déjà, arrêter les injonctions culpabilisantes et proposer des solutions adaptées, sans transformer la santé en un concours de minceur je pense que ce serait un bon début.
✔ Dire adieu au culte du « poids idéal » : La santé ne se mesure pas qu’en kilos, et viser un chiffre sur la balance sans prendre en compte le bien-être global n’a aucun sens. Encourager une alimentation satisfaisante entre équilibre et plaisir: Manger en fonction de ses besoins réels, sans entrer dans un cercle infernal de restrictions et de compulsions.
✔ Bouger pour le plaisir, et pas par punition : L’activité physique, ce n’est pas « brûler des calories », c’est prendre soin de son corps et de son mental.
✔ Enfin et surtout dirai-je former les professionnels de santé à une approche plus respectueuse : moins de jugements, plus d’écoute, pour que chacun puisse accéder à des soins de qualité sans craindre d’être humilié
Bref, il est temps de remettre un peu d’humanité et de bon sens dans la manière dont on aborde l’obésité et surtout les gens qui en souffrent !
Changer notre regard sur l’obésité et la culpabilité, c’est déjà un grand pas vers une approche plus humaine et respectueuse
L’obésité n’est pas « juste » un problème de volonté. L’obésité est avant tout une maladie dotée d’un ensemble complexe de nombreux facteurs. Plutôt que de culpabiliser les personnes concernées, il serait plus utile d’adopter une approche bienveillante et éclairée. Parce qu’au final, l’important ce n’est pas d’atteindre un « poids parfait », mais d’être en bonne santé physique et mentale… A bons entendeurs !
FAQ sur l’obésité
– L’obésité est-elle uniquement causée par une mauvaise alimentation ?
Non. Si l’alimentation joue un rôle, l’obésité est aussi influencée par des facteurs génétiques, hormonaux, psychologiques et environnementaux.
– Peut-on être obèse et en bonne santé ?
Oui, certaines personnes obèses ont des bilans de santé normaux. Cependant, un excès de poids reste un facteur de risque pour certaines maladies.
– Faire un régime est-il la solution pour perdre du poids durablement ?
Non ! Les régimes restrictifs aggravent souvent le problème en provoquant un effet yo-yo. Une approche globale (nutritionnelle, psychologique) est plus efficace.
– Le sport suffit-il à perdre du poids ?
Non. Le sport aide à réguler le poids, mais sans une relation saine à la nourriture, le problème de fond reste intact.
– Peut-on soigner l’obésité ?
Oui, avec un accompagnement médical, psychologique et une approche nutritionnelle adaptée.
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