Après Noël, le Jour de l’An, la galette, la Chandeleur était venu le temps de Pâques….

Célèbrement connu pour son agneau pascal, mais pas que !!

En fait on connait surtout ses chocolats : poule, lapin, œufs & Cie, qu’importe sa forme pourvu qu’on en est l’ivresse …

9 Français sur 10 déclarent aimer le chocolat (je pense que le 10ème ment !), un tiers disent en consommer au quotidien et 83% en mangent au moins une fois par semaine ; enfin certains se vivent comme accros au même titre qu’une drogue dure.

Alors est-ce possible d’être drogué au chocolat ?…

 

LE CHOCOLAT : C’EST QUOI ?

 

Y a-t-il quelque chose dans la composition du chocolat qui expliquerait une éventuelle accoutumance ? Certains chercheurs auraient comptabilisé que le chocolat contient plus de 800 substances différentes (!) ; en voici quelques-unes :

 

A la base (et non pas « de base » comme disent les jeunes d’aujourd’hui !) le chocolat est composé de cacao (oui je sais c’est évident mais bon je me dois de le rappeler !), de sucre, de graisses… (Super rien que ça !)

Selon la qualité et la composition du chocolat (blanc, au lait, noir, riche en cacao, etc.) le pourcentage de chacun des trois ingrédients de base varie.

Dans le cacao on retrouve du magnésium (important pour le bien-être moral et un effet anti-stress), des polyphénols, du phosphore, du fer, des vitamines A, B et D (qui aident le calcium à se fixer sur les os).

Le sucre quant à lui fait augmenter la glycémie dans le sang et nous met en éveil lorsque nous manquons d’énergie et nous donne une sensation de bien-être.

Mais le chocolat contient aussi des composants chimiques : le tryptophane et deux substances psychoactives : la théobromine et la caféine. Celles-ci favoriseraient la libération de sérotonine, hormone du bien-être et du plaisir. Ces trois stimulants augmentent également la production d’endorphine et de dopamine dans les circuits neuronaux, notamment ceux liés au plaisir

 

DEPENDANCE AU CHOCOLAT ?

 

  • Qu’est-ce qu’une addiction ?

Une addiction se caractérise par une ENVIE et un BESOIN d’un geste ou d’une substance, de manière irrépressible face à laquelle la personne se sent incapable de se contrôler, et ce de manière répétitive.

La personne addict reconnait les méfaits de son comportement mais ne peut s’empêcher de réitérer ses comportements addictifs.

 

Ainsi on note deux types d’addictions :

  • L’addiction à des substances psychoactives (alcool, drogues, tabac…)
  • L’addiction « sans produit » (jeux, sport, sexe, écrans…)

Dans les deux cas, l’addiction se compose de deux conséquences importantes :

  • L’accoutumance
  • La dépendance

Et ce sur deux points :

  • La sphère physique
  • La sphère psychique.

Selon l’OMS, une addiction correspond à la nécessité d’avoir un comportement ou un substitut sans lequel le fonctionnement normal de l’individu est impossible. De plus l’addiction induit une augmentation de la dose pour ressentir la même satisfaction.

 

  • Alors le chocolat est-il une addiction ?

 

Beaucoup de personnes se disent addicts au chocolat ; selon elles, le chocolat serait une véritable drogue car elles n’arrivent pas à se contrôler, en mangent des quantités importantes et ce de manière compulsive, tel un toxicomane en manque.

Comme l’addiction à la drogue, ces addicts au chocolat disent en avoir besoin, ressentir le manque et relèvent une corrélation entre l’ingestion du chocolat et leur humeur.

 

Néanmoins avec le chocolat, il n’a pas été prouvé de syndrome de manque physique, pas d’accoutumance non plus (il n’y a pas besoin d’augmenter les doses pour ressentir le même plaisir).

Selon les études scientifiques, ni la théobromine ni le tryptophane ne sont responsables d’une éventuelle dépendance au chocolat (Pour exemple le maïs et les œufs contiennent beaucoup plus de tryptophane que le chocolat et pourtant après 18 ans d’activité, je n’ai encore jamais rencontré une personne consultant pour sa dépendance au maïs !)

Autre exemple parlant : si on fait ingérer une gélule contenant les mêmes substances psychoactives que le chocolat, les personnes n’en ressentent aucun bénéfice et recherchent quand même à manger du chocolat.

Enfin dernier exemple et non des moindres, il est prouvé qu’il faudrait manger 25 Kg de chocolat pour produire le même effet sur l’humeur qu’un joint de cannabis !…

 

En conclusion, malheureusement (ou heureusement !), pour toutes ces raisons, le chocolat ne peut pas être considéré comme une drogue, et donc on ne peut pas en être addict au sens médical du terme car on ne relève pas de dépendance physique au chocolat par lui-même ; il semble qu’il s’agit plutôt d’une dépendance psychique au chocolat.

 

Cette dépendance psychique s’explique en partie par la sécrétion d’endorphines, ces fameuses hormones du plaisir. En en sécrétant à chaque fois qu’on mange du chocolat, cela nous encourage donc à en consommer de nouveau.

Ainsi ce n’est pas du chocolat qu’on est accro mais à la projection qu’en manger nous fera du bien ; c’est ce qu’on appelle le circuit de la récompense.

 

LE CIRCUIT DE LA RECOMPENSE

 

Si cette envie quotidienne de manger du chocolat n’est pas une véritable addiction au sens médical et psychiatrique du terme, alors qu’est-ce que c’est ?

Il semble que ce qui nous pousse à manger du chocolat c’est surtout l’envie de se faire plaisir, de se faire du bien…

 

On sait par expérience que le chocolat c’est bon, que ça nous donne du plaisir, que « ça fait du mieux ! » comme dirait mon fils ! Donc on sait que si on en mange, on va aimer ça, c’est donc un plaisir que l’on projette et que l’on attend. Du coup quand on en mange, on savoure, on apprécie ce moment, on se sent mieux, on sécrète des endorphines ; en un mot, on est récompensé ! Et comme c’est agréable, on a envie de recommencer… CQFD !

(Autre exemple, non alimentaire du circuit de la récompense : si on aime une musique on l’écoute et on la réécoute, on la passe en boucle ; ou encore si j’apprécie une personne, j’ai envie de la voir et je suis contente en sa présence…

En fait quand on aime bien quelque chose, ça nous fait sécréter des endorphines et de la dopamine et c’est à ça dont on est accro, pas au chocolat, ni à ses substances psychoactives, mais au fait de se faire du bien ; c’est ça le circuit de la récompense !). Bref, on est accro à nos propres hormones !

 

C’est pour cette même raison qu’on est « accro » aux jeux vidéo, à Internet ; on est accro à notre dopamine et à notre endorphine !

Oui, en fait qu’importe la substance, chocolat, chips, bonbons, saucisson, gâteaux, amandes grillées…. En fait qu’importe ; ce sont toujours des saveurs, des sensations, qui ont une place gustative agréable dans votre vie, et une place particulière dans votre vie (parfois depuis l’enfance même… la fameuse Madeleine de Proust !). Ces saveurs ont une connotation affective particulière pour vous : parfois reçues en cadeaux, en réconfort, en récompense… Ces aliments sont bien plus que de simples mets, ils deviennent alors des substituts émotionnels !

 

SUBSTITUT EMOTIONNEL

 

Enfin je ne pouvais pas terminer cet article sans parler de sa place dans la gestion de nos émotions.

Bien sûr que l’on mange du chocolat en période de fête, par gourmandise et ça ce n’est pas une raison pour consulter un spécialiste.

Lorsqu’on en vient à se demander et/ou à dire qu’on est accro au chocolat, c’est que les quantités sont importantes et leurs impacts sur notre bien-être tant physique que psychologique sont envahissantes, que c’est quelque chose que l’on fait seul, souvent en cachette, avec un sentiment de honte et de culpabilité.

Il faut alors se demander ce que l’on cherche à éviter, ou au contraire ce que l’on chercher à se procurer… manger de grandes quantités de chocolat ne masquerait-il pas des déceptions, des peurs, des frustrations ? Pourquoi j’ai besoin d’avoir du réconfort, une consolation, une récompense ?… Pourquoi seul le chocolat me fait du bien ?…

Car oui le fond du sujet pourrait se contenir dans cette phrase : le chocolat est mon médicament (avec une fonction anxiolytique, antidépresseur, calmante…) et je fais de l’automédication !

Le problème c’est que ce qui était un remède est en train de se transformer en poison … et ça c’est ballot !

 

En conclusion certes le chocolat contient de nombreuses substances psychoactives mais les études scientifiques disent que cela ne peut expliquer une éventuelle addiction.

Par contre toutes arrivent à la même conclusion, consommer du chocolat active la sécrétion hormonale (dopamine et endorphine) qui elle-même active le circuit de la récompense, qui nous pousse à vouloir en remanger à nouveau.

De plus on a vu qu’en consommer permet de se faire du bien, d’apaiser ses tensions intérieures, se réconforter …

Or, vous le savez ou vous l’aurez compris : le chocolat ne résout pas les problèmes !

Mais bon, les pommes non plus ! …  ?

 

 

 

Image parAlaina Terwilliger de Pixabay