Depuis novembre et en approchant du mois de décembre, fleurissent dans notre environnement plein de détails d’une fête tant attendue par certains : guirlandes lumineuses, sapins, vitrines décorées, films de Noël, chocolats, calendrier de l’Avent, Père-Noël…  Autant de signes de réjouissance qui marquent l’arrivée des festivités, du traditionnel repas de famille et des cadeaux.

Mais pour d’autres, le mois de décembre est plutôt synonyme d’angoisse, de tristesse et d’obligation. Je constate d’ailleurs dans les semaines qui précédent ou qui suivent les fêtes de d’in d’année, une recrudescence de consultations. Chez certains Noël ne provoque pas de la joie mais un mal-être. Pourquoi certains n’aiment pas Noël ?

 

1ère raison : LE PERE NOEL N’EXISTE PAS !

Pour ceux qui ne le savaient pas encore, je suis navrée qu’ils l’apprennent ici et de la sorte …Oups !

En effet, pour certaines personnes, Noël a un goût amer : celui du mensonge. Ils ont été si déçus d’apprendre la vérité que Noël a perdu toute sa féerie. Par conséquent ils restent mélancoliques de cette période de leur enfance et depuis la magie de Noël n’opère plus.

 

2ème raison : NOEL CA SENT LE SAPIN !

Dans l’histoire de certaines personnes, un événement tragique a terni les festivités, la tristesse remplaçant alors la joie. Par conséquent beaucoup appréhendent alors cette période de l’année à cause de la réactivation de l’émotion douloureuse (deuil, tristesse, vide, manque). Au lieu d’avoir la tête à la fête et profiter du moment présent, ils sont alors tournés vers le passé, la douleur et la tristesse de ce (et ceux) qui a été et n’est plus.

 

3ème raison : A NOEL ON BUCHE !

Noël c’est l’occasion des retrouvailles avec la famille, la belle-famille, les cousins éloignés on se retrouve alors avec des gens qu’on n’a pas vu depuis longtemps (ou à Noël dernier !) ; et on ne va pas échapper au sempiternel interrogatoire de Tati Lilly : « Alors qu’est-ce que tu deviens ? », « Quoi de neuf depuis l’année dernière ? »

Cela oblige à faire le bilan, parfois amer, de l’année écoulée ; nos manques, nos ratés sont alors ainsi révélés au grand jour et notre estime de nous-même peut en prendre un coup. En effet, on a beau assumer la plupart du temps qui on est, il peut se révéler difficile et/ou douloureux d’accepter les remarques acerbes de Tonton Robert qui nous rappelle chaque année qu’on est toujours célibataire/en surpoids/au chômage/sans enfant (rayer la mention inutile !)

 

4ème raison : A NOEL, ON SE DEGUISE !

Noël c’est une fête pour enfant ; le hic c’est que désormais je suis devenu adulte !  Voilà bien où se situe le malaise…

Noël c’est les retrouvailles avec la famille : celle d’où l’on vient, celle que l’on a créée, celle que l’on a épousé…

Bref, se mélangent nos différents rôles : l’enfant / l’adulte/ le parent…

On ne sait plus trop qui on est, on ne sait plus trop comment agir ; on s’y perd un peu. Alors certains revêtent leur plus beau costume, au sens propre comme au figuré et ont l’impression de jouer la comédie, de faire ce qu’ils pensent qu’on attend d’eux…

Certains campent sur leur personnage de leur enfance : celui qui fait toujours des blagues, celle qui s’occupe de tout et ne prend jamais le temps de s’asseoir, celle qui a toujours la tenue originale, celui qui fait toujours la tête, sans oublier Tonton Bernard, toujours ivre en fin de soirée !

Par conséquent, certains sont déstabilisés et ont alors le sentiment douloureux de ne pas être à leur place et l’impression de trahir l’adulte qu’ils sont devenus.

 

5ème raison : A NOEL J’AI LES BOULES !

Selon les études, les fêtes de Noël font partie des moments de l’année où les gens se disent les plus affectés par le sentiment de solitude.

  • Une situation réelle d’isolement, concrète et objective: Noël est le moment où l’on est à même de constater sa solitude sociale et/ou familiale. Surgit alors une énorme tristesse de réaliser que ces liens se sont dénoués, voire rompus ; ceci est d’autant plus amplifié par la frénésie environnante, la télévision, les films, etc.
  • Un sentiment de solitude (subjectif) : on peut aussi éprouver de la solitude au sein même de sa famille. Nombreuses sont les personnes qui déclarent que c’est paradoxalement lorsqu’elles sont entourées de leurs proches que ce sentiment d’exclusion est le plus vif. Pourquoi ? me demanderez-vous. Car cela réactive en eux les conflits anciens non résolus avec leurs parents, leurs frères et sœurs, le sentiment de ne pas être compris, reconnu, aimé… Noël les confronte brutalement à leurs ressentiments et ils ont l’impression de ne pas être à la hauteur et différent.

 

6ème raison : A NOEL ON S’ENGUIRLANDE !

Fêter Noël c’est un rituel d’appartenance familiale qui permet de réaffirmer ses liens d’une part, mais aussi de se rassurer quant à sa place, son rôle dans la famille.

Par conséquent Noël peut être à la fois une occasion de partager des témoignages d’affection qu’éprouver les manques ou les conflits qui affectent leur famille ou leur couple.

Ainsi lorsqu’une personne se sent mal comprise ou mal aimée par certains de ses proches, Noël les confronte brutalement à cette douleur et du coup Noël n’a plus la même saveur : ils ressentent les sourires forcés (« Au réveillon, tout le monde fait semblant d’être heureux, quelle hypocrisie !»), les cadeaux mal choisis ou impersonnels (« Tiens encore une cravate, comme l’année dernière, youpi ! », les rivalités fraternelles (« Y’en a encore que pour la frangine comme toujours ! »). Noël risque de faire apparaître au grand jour les distorsions familiales qui restent soigneusement cachées tout au long de l’année.

La famille est certes le lieu de l’amour mais c’est aussi parfois le lieu des manques et des rancœurs. A Noël on se doit d’être joyeux, content d’être là et de taire ses ressentis négatifs ; on se sent alors étouffé, oppressé… parfois la pression est si forte qu’il n’est pas rare de voir l’un des convives exploser sans raison apparente, entre la dinde et la bûche !

 

Pour toutes ces raisons la perspective des fêtes suscite souvent une appréhension chez certaines personnes. Car il y a toujours un écart entre le fantasme et la réalité, ce qu’on s’était imaginé des retrouvailles de Noël et ce qui va réellement se passer, un décalage entre notre Conscient (on est content d’être là, dans notre famille) et notre Inconscient (qui ressent les conflits du passé toujours actuels) et c’est la raison pour laquelle à Noël les blessures du passé, conscientes ou inconscientes, ressurgissent.

Quoiqu’il en soit, je suis au regret de vous dire que Noël aura bien lieu !

A tous les natalophobes ( personnes qui n’aiment pas Noël), je ne vous souhaite donc pas un joyeux Noël, puisque ça ne sera pas le cas….

Néanmoins rappelez-vous que  si vous voulez un cadeau, il faudra être sage…. Mais bonne nouvelle : s’il ne vous plaît pas, au pire vous pourrez toujours le revendre sur le Bon Coin, youpi !

 

 

Musique écoutée pendant l’écriture de cet article : « On en a marre de Noël » d’Aldebert , https://www.youtube.com/watch?v=kTzTuXYyxXA

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